Meta, la maison mère de Facebook, Instagram et WhatsApp va supprimer 11’000 emplois sur 87’000 postes affichés fin septembre. De son côté, Twitter, fraîchement racheté par Elon Musk, vient de congédier environ la moitié de ses 7500 salariés. Comment en est-on arrivé là?

L’effet Covid

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Pour comprendre, il faut revenir en 2020 et à l’effet Covid. De manière globale, «le secteur de la technologie a retrouvé une deuxième jeunesse lors de la pandémie de Covid», explique John Plassard, directeur chez la banque Mirabaud et spécialiste de l’économie américaine (photo DR).

«D’une part, la consommation de produits en ligne a explosé. Et d’autre part, on a assisté à l’arrivée d’internautes «plus âgés», qui se sont mis aux nouvelles technologies pour diverses raisons. Il a donc fallu engager du personnel.»

Meta a par exemple recruté 43’000 employés depuis 2020, soit pas loin de la moitié de ses effectifs actuels, et ce dans un contexte où la concurrence n’a jamais autant montré les dents, à commencer par l’application chinoise TikTok.

Aujourd’hui, la crise sanitaire passée, l’offre dépasse la demande.

La récession

La deuxième cause de l’ampleur des licenciements, c’est la récession aux Etats-Unis et en Europe. Les annonceurs se font plus rares.

On assiste à un ralentissement des revenus publicitaires, le gagne-pain de nombreuses entreprises technologiques. «La publicité représente 80% des revenus de Twitter», rappelle John Plassard.

Fin août, Snap, la maison mère – elle aussi californienne – de l’application Snapchat, a ainsi supprimé environ 20% de ses effectifs, soit plus de 1200 employés.

La semaine dernière, deux autres sociétés de la Silicon Valley, Stripe (paiements en ligne) et Lyft (réservations de voitures avec chauffeur), ont fait part de licenciements de grande ampleur. Et Amazon, après avoir gelé les embauches, devrait annoncer quelque 10 000 licenciements ces prochains jours, selon le «New York TImes».

Zuckerberg est un visionnaire qui a trop anticipé.

John Plassard, expert en macroéconomie à la banque Mirabaud

La crise que traverse Meta trouve également sa source dans le virage que son patron, Mark Zuckerberg, lui a fait prendre avec son projet «métavers», un univers parallèle décrit comme l’avenir d’internet.

«Zuckerberg est un visionnaire qui a trop anticipé, analyse John Plassard. Son projet «métavers» changera le monde de demain. Mais ça demande du temps. Plus de temps qu’il ne l’avait prévu.»

En attendant un retour sur investissement – 15 milliards de dollars ont déjà été engloutis dans le programme – il faut dégraisser la masse salariale.

Elon Musk et son nouveau «business model»

Du côté de Twitter, l’arrivée tonitruante du nouveau boss s’est accompagnée de gros bouleversements. Le patron de Tesla et SpaceX Elon Musk, qui a racheté Twitter pour 44 milliards de dollars, a tout d’abord lourdement endetté la société dont la santé financière était déjà fragile.

Elon Musk a ainsi contracté des emprunts d’un montant de 13 milliards de dollars, qui vont devoir être remboursés le groupe sis à San Francisco, et non par le milliardaire.

Twitter veut devenir, à l’image du modèle chinois WeChat, une plateforme globale où l’on peut commander en ligne.

John Plassard, expert en macroéconomie

Mais surtout, le nouveau patron veut changer de modèle d’affaires: il veut passer d’un modèle gratuit basé sur la publicité à un modèle payant, basé sur l’abonnement et la publicité.

«Twitter veut devenir, à l’image du modèle chinois WeChat, une plateforme globale où l’on peut commander en ligne, appeler un taxi ou encore téléphoner», détaille John Plassard. Twitter sera ainsi moins dépendant de la publicité. «Le réseau social touchera par exemple des commissions sur les appels téléphoniques ou des transferts bancaires.»

Twitter sera ainsi moins dépendant de la publicité. «Le réseau social touchera par exemple des commissions sur les appels téléphoniques ou des transferts bancaires.»

«Phase de maturation»

Les mastodontes du Web sont-ils en train de vaciller? «Non, ils traversent une phase de maturation, de «digestion», après une période de croissance trop rapide», estime John Plassard.

Le spécialiste de l’économie américaine rappelle la bulle Internet des années 2000 et l’échec du modèle d’affaires selon lequel seul comptait le nombre de visites sur un site.

«Aujourd’hui, quand on pense Internet, on pense intelligence artificielle, 6G, téléphone portable… Les attentes sont grandes», insiste l’expert. Lorsque la récession sera terminée, assure-t-il, «nous assisterons à une reprise en force de la demande et de l’offre en matière de produits technologiques».

Apple menacerait de retirer Twitter de l’App Store

Elon Musk a déclaré lundi soir qu’Apple menaçait de retirer Twitter de son App Store. Le patron du réseau social a aussi accusé le géant californien de censure.