Il est soudain sorti des brumes océanes, comme un rêve. Le cap Thorvaldsen, tout au sud du Groenland. La terre, enfin en vue après seize jours de traversée en totale autonomie. C’est ce qu’a vécu le 1er juillet l’équipage de l’Atlas, un voilier scientifique qui abrite l’expédition scientifique Glacialis.

A la barre, un Glandois, Arnaud Conne. Skipper du navire, il l’a mené des Açores jusqu’au grand Nord, avec l’aide de son équipage, composé de trois autres personnes: Virginie Wyss, biologiste suisse et cheffe du projet, Richard Mardens, biologiste et cinéaste belge, ainsi que Mathew Ryle, scientifique américain.

La vie des océans glacés

Le but de cette épopée: récolter des données sur les animaux marins et la pollution plastique dans ces régions au climat abrupt. Photos, sons, vidéos, tous les moyens sont bons pour comprendre dans quelles conditions vit la faune des océans glacés.

Atlas Expeditions, une association suisse pour soutenir la science
Atlas est le voilier de l’association Atlas Expeditions. Cette association suisse a pour but de soutenir l’organisation de projets et d’expéditions à caractère scientifique, éducatif ou artistique. L’idée est inspirée de son capitaine Arnaud Conne, qui a une importante expérience d’exploration, que ce soit dans les mers ou sous la terre, puisqu’il est aussi un spéléologue confirmé. L’association effectue aussi des récoltes de fonds, grâce auxquelles les expéditions peuvent et pourront être financées.

Après des mois de préparation, de tests de matériel et d’observations autour des Açores, c’est le 16 juin dernier que le départ a été donné. En route vers le grand large, dans un océan qui leur a offert des vents forts pour avancer et des jours de répits plus calmes pour respirer.

«Les conditions de vent et de mer ont été agréables, praticables. Un jour, un coup de vent nous a obligés à mettre le bateau à la cape, soit le laisser dériver. C’était impressionnant, mais gérable», raconte Arnaud Conne.

Un moment d’émotion au contact des baleines pilotes

Et surtout, il y a eu ce moment, un jour de mer d’huile au sortir du brouillard, quelques dizaines de minutes hors du temps. Un groupe de globicéphales, des baleines pilotes, sont venus à la rencontre du bateau et l’ont entouré pendant deux bonnes heures.

«Leur odeur s’est répandue dans l’air, ils soufflaient au sortir de l’eau. Ils sifflaient, on les entendait chanter. On en a pleuré», confie le navigateur avec émotion, qui en a profité pour les immortaliser, lui qui est également photographe professionnel.

Les quatre marins sont restés pendant vingt et un jours sans voir d’autre humain. Pour garder un rythme quotidien malgré les quarts, chacun s’est attelé à préparer de bons petits plats, avec les moyens du bord. «Nous avons fait du pain presque tous les jours. Parfois, c’était l’expédition gastronomique, rit Arnaud Conne. La nourriture apporte beaucoup de baume au cœur…»

Leur maison flottante a pris des airs de foyer familial. «On s’est relayé, également dans les couchettes, dont certaines sont plus confortables que d’autres. Chacun a pris beaucoup sur lui pour préparer à manger ou faire du nettoyage quand les autres étaient fatigués», sourit le skipper.

Le Groenland, comme les Alpes suisses

A son arrivée au Groenland, le bateau a passé plusieurs jours dans un mouillage sauvage, à l’abri d’une baie. «Nous en sortions pour observer les baleines à bosses. Nous avons pu photographier leur queue pour identifier les individus», se réjouit Arnaud Conne, encore ébahi par la quantité de rencontres animales depuis leur départ.

La queue d’une baleine à bosses près des côtes du Groenland. Photo Arnaud Conne

Autour d’eux, d’immenses icebergs échoués sur les berges. Les montagnes de granit rappellent au Glandois les hauteurs des Alpes suisses. «Le Groenland, c’est très vert, avec un tapis de mousse, de petites fleurs de toutes sortes», décrit-il.

Dans ces lointaines contrées, le vent ne cesse que rarement de souffler. Actuellement, les températures oscillent entre 8 et 12 degrés la journée. Parfois, le brouillard s’abat, en alternance avec des périodes de précipitations.

L’aventure se poursuit, toujours plus au nord

Au cours de leur remontée vers le nord, les marins se sont arrêtés à Paamiut, un village de pêcheurs. Là, un mécanicien les a aidés à réparer leur barre abîmée.

«Les gens sont doux, discrets, mais aussi curieux. Cela fait longtemps qu’ils n’ont pas eu de visiteurs, puisque les croisières qui passent par là ont été annulées», relève le skipper.

Entre les îles, l’Atlas s’est frayé un chemin jusqu’à Nuuk, capitale du Groenland. Après quelques jours de connexion internet pour envoyer les premières données, le navire fera voile vers le cercle polaire arctique, qui n’est plus qu’à 200 kilomètres.

Ensuite, cap vers la baie de Disko, pour poursuivre les observations de baleines. Deux semaines sont prévues sur place, avant d’amorcer le retour.

Aux Açores, les membres de l’expédition poursuivront les collaborations amorcées avec des scientifiques, pour en savoir toujours plus sur les eaux mystérieuses de l’Arctique.

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