Nos nommés (7/8)
Ils et elles sont huit à pouvoir prétendre au titre de Personnalité La Côte 2022. Pour les découvrir et voter pour votre favori(te)
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Daniel Walch observe silencieusement la façade du Musée du Léman qui arbore le visuel de la nouvelle exposition temporaire «Ici le lac ressemble à la mer». Soudain, l’ancien directeur du Groupement hospitalier de l’ouest lémanique (GHOL) fait un pas de côté. «Tenez, saviez-vous qu’ici se trouvait un platane?» questionne-t-il en esquissant des deux mains la silhouette de l’arbre aujourd’hui disparu.

«J’ai retrouvé des procès-verbaux de la fin 19e qui retracent les discussions animées entre le directeur de l’époque et des médecins. Ces derniers demandaient qu’un arceau de métal soit installé autour de l’arbre pour y attacher leur cheval. Comme quoi, les places de parc étaient déjà un enjeu à l’époque».

Il y a six mois de cela, l’hyperactif et emblématique directeur de l’hôpital de Nyon rendait les clés de son «bébé» après presque 30 ans de service. Lorsque nous lui avons demandé de choisir le lieu qui l’inspirait pour notre entretien, en vue de sa nomination à l’édition 2022 de La Personnalité La Côte, le jeune retraité n’a pas hésité longtemps.

«J’ai toujours pensé que pour décoder le présent, il faut savoir analyser le passé. Et ce lieu regorge d’histoire», lâche Daniel Walch en se tournant à nouveau face à l’entrée du musée nyonnais.

Le radiateur du bloc opératoire

Car quand notre guide d’un jour pose le regard sur la bâtisse construite au XVIIIe siècle, ce n’est pas le musée qu’il perçoit, mais l’ancien hôpital de Nyon. Celui qui prenait soin des habitants de la région avant la construction, dans les années 1930, de la matrice de l’établissement actuel.

J’ai toujours pensé que pour décoder le présent, il faut savoir analyser le passé.

Daniel Walch, ancien directeur du Ghol

Celles et ceux qui connaissent un tant soit peu le Rollois vous le diront: Daniel Walch est un authentique passionné d’histoire médicale, surtout lorsqu’elle concerne sa région de La Côte.

La visite se poursuit en direction de l’arrière du bâtiment. Nous passons sous les fenêtres de la cafétéria du musée qui abritait autrefois le bloc opératoire de l’hôpital. «La seule trace encore visible de cette affectation est le radiateur dans lequel les chirurgiens faisaient chauffer leurs instruments avant leurs interventions», glisse notre guide au passage, avant de presser le pas en direction d’une petite maison cachée à l’arrière de l’institution muséale.

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Le téléphérique du lazaret

«Ça, c’est mon coup de cœur: le lazaret. Dès 1902, on y mettait en quarantaine les personnes atteintes de ce qu’on appelait les «maladies fédérales», les épidémies d’aujourd’hui», détaille Daniel Walch.

Nyon, mercredi 7 décembre 2022, personnalité la Côte 2022, portrait de Daniel Walch, ancien directeur du GHOL, photos Cédric Sandoz

Daniel Walch et le radiateur qui permettait de chauffer les outils chirurgicaux avant leur emploi. Photos Cédric Sandoz.

Choléra, petite vérole, peste et grippe espagnole; Nyon a connu son lot d’épidémies. «Le Covid n’était pas la première, loin de là. Être conscient de cela permet de prendre un peu de recul, sans doute», analyse, pensif, l’ancien directeur. Puis, reprenant ses esprits, une pointe d’excitation dans la voix: «Là, regardez à l’étage au bord de cette fenêtre, vous voyez cette manivelle? Elle activait un petit téléphérique qui reliait le lazaret au bâtiment principal. Il permettait de fournir des médicaments, de la nourriture ou du linge sans risquer de contamination. C’est extraordinaire!»

Les lectures de retraite

Les anecdotes semblent vouloir s’enchaîner à l’infini et ramener Daniel Walch dans le temps présent ne se fait pas sans effort. D’autant plus que le passé, n’est, en définitive, jamais loin quand il aborde ses premiers mois de retraite. «Je lis beaucoup, mais les romans ne m’intéressent pas. Ma première lecture a été celle d’un gros volume consacré à Churchill, un personnage qui me fascine. Après je me suis plongé dans une toute grosse biographie sur Léopold 2 et la colonisation. Maintenant je suis avec les conquistadors et leur conquête de l’Amérique.»

Quitter mon équipe et mon groupement hospitalier, ça a été comparable à une rupture affective.

Daniel Walch, ancien directeur du Ghol

Il y a aussi cet agenda qui se vide tout d’un coup. Un changement brutal pour certains, mais qui a apporté beaucoup de sérénité au jeune retraité. «Cela modifie votre rapport au temps, vous vous retrouvez avec des moments pour vous. Ce vide vous apporte presque instantanément une certaine paix intérieure.»

Quand il n’est pas dans ses livres, Daniel Walch apprécie particulièrement arpenter le Jura en compagnie de son épouse. «Et puis il y a tous les amis que l’on a délaissés faute de temps. Je ne compte plus les invitations depuis juin.»

Raconter son hôpital

Nous voilà enfin au chaud, à l’étage, dans la fameuse cafétéria-salle d’opération. Alors que Daniel Walch se prête à la séance photo avec le sourire, une idée nous vient: voilà un homme passionné d’histoire, qui a rassemblé quantité de documents durant sa carrière et qui se retrouve avec du temps à revendre. N’est-il pas tenté de dégainer sa plume et contribuer à cette matière qui le fascine tant?

«J’ai effectivement prévu de faire un travail historique sur mes trente années passées à l’hôpital, sur l’évolution de l’établissement, reconnaît-il entre deux crépitements de flash. Mais c’est encore trop tôt, quitter mon équipe et mon groupement hospitalier, ce n’est pas évident émotionnellement parlant. C’est comparable à une rupture affective.»

Daniel Walch fait une pause, avant de reprendre de plus belle, comme tiré d’une rêverie. «Je vous ai déjà parlé de la Léproserie de Colovray, de son gibet et du sol tapissé de vipères? C’était l’enfer sur terre ce truc.»

Les belles histoires du jeune retraité Daniel Walch

Féru d’histoire médicale régionale, Daniel Walch, l’ancien directeur de l’hôpital de Nyon, nous entraîne dans une visite pas comme les autres du musée du Léman.